dimanche, mai 21, 2023

Moyen de paiement conseillé pour un voyage aux USA ou ailleurs

 Recommandations si vous devez voyager aux USA (ou ailleurs, en particulier hors zone Euro) quelques semaines en payant sur place hôtels, voiture, restaurant, etc...Ces recommandations sont également valables pour un long week-end dans une grande ville hors zone Euro.

Voici quelques recommandations avant de partir :

Apportez avec vous au moins deux cartes bancaires "premier" ou équivalent, payez avec la carte le transport A/R ainsi que toutes les dépenses effectuées à l'avance de façon à bénéficier de l'assurance annulation fournie par la carte (premières nuits d'hôtel, transport intérieur, etc...). J'ai rencontré des voyageurs malheureux qui se sont fait avaler leur carte par un distributeur de billets 😡

  • Assurez-vous que figure sur le verso de votre carte le mot CREDIT (cliquez sur le modèle ci-contre), et non pas DEBIT.
  • Assurez-vous auprès de votre émetteur de carte que le plafond de dépenses mensuelles autorisées est au moins le double des dépenses budgétées.
  • Vérifiez sur le site de VISA (ou auprès de l'émetteur de carte), le niveau d'assurance annulation rapatriement et location de voiture prévu pour votre carte car il est légèrement différent pour chaque émetteur de carte et chaque type de carte https://www.visa-assurances.fr/BinCard/CardInformation . Téléchargez les garanties en anglais pour la location de voiture. Si vous avez une Mastercard, il faut appelez le numéro de téléphone figurant au dos.
  • Sur place, évitez au maximum le paiement en liquide car il coûte plus cher. Par exemple, ajoutez le pourboire sur le paiement carte comme beaucoup d'américains. Dans de nombreux pays, vous n'aurez pas besoin de liquide. En Espagne, j'ai vu un joueur de musique de rue qui acceptait la carte à partir de 1€.
  • Si vous avez besoin de monnaie locale, évitez de changer vos euros ou vos dollars et privilégiez le retrait aux distributeurs qui est en général plus avantageux que le change, sauf exception.
  • Si un commerçant vous propose le paiement en euro (en cash ou par carte), ce n'est en général pas une bonne option. De la même façon, le paiement des réservations d'hôtel est en général plus avantageux en monnaie locale. En effet, celui qui vous propose un paiement en Euro, vous fera payer en général sa commission de change plus une marge de sécurité.
Privilégiez un émetteur de carte ne prenant pas de commission de change. Les cartes émises par les grandes banques nationales à réseau prélèvent en général une commission de l'ordre de 2% sur toutes vos paiements en devises. Et bien plus pour les retraits en devises.
Ces frais sont visibles sur la fiche tarifaire de votre banque facilement disponible en ligne
.
La plupart des banques en ligne ne prennent pas de commission sur le change pour les paiements en devises ni pour un certain nombre de retraits en devise. Et en plus elles sont gratuites et offrent un service équivalent.

De façon générale, vérifiez sur un guide ou un forum les conditions particulières du pays à visiter. Par exemple, votre carte sera inutilisable en Iran, sauf chez les marchants de tapis qui disposent pour la plupart d'un compte bancaire à Dubai 😇.  On vous conseille parfois d'apporter des dollars même si l'Euro est de plus en plus accepté. Il a très peu de pays où l'Euro est refusé?


Quel type de Carte ?
En France, les banques et les Prestataires de Service de Paiements (PSP) émettent trois types de carte. Les banques émettent en général des cartes de débit, avec débit immédiat ou différé en fin de mois marquées respectivement DEBIT ou CREDIT au dos.

  • Les cartes de débit ou les cartes prépayées marquées au dos DÉBIT. Le paiement ne peut avoir lieu que si votre compte est approvisionné. Elles sont en principe réservées aux clients fragiles pour lesquels les émetteurs de carte souhaitent s’assurer du paiement des transactions effectuées 
  • Les cartes à débit différé marquées CRÉDIT au dos. Votre compte est débité en fin de mois de toutes les dépenses du mois. A ma connaissance, toutes les cartes Premier émises par les banques françaises sont de ce type, sauf si le client préfère une carte débit immédiat.
  • Les cartes de crédit associées à un crédit à la consommation, marquées CARTE DE CRÉDIT au dos. Vous pouvez décider en fin de mois de payer comptant ou à crédit les dépenses du mois. Elles sont principalement émises par la grande distribution, les sociétés de crédit à la consommation (Cetelem, Cofinoga,...) et certaines enseignes de distribution. Le taux du crédit associé à la carte est souvent de l’ordre de 10%, voire plus.
La Pré-Autorisation et le plafond mensuel de dépense.
Seules les deux dernières catégories de carte permettent de louer une voiture ou de s’enregistrer dans les hôtels aux USA. En effet, les loueurs et les hôtels effectuent une pré-autorisation pour s’assurer qu’ils seront payés si le montant final du service fourni est supérieur aux prévisions. En échange, l’émetteur de carte bloque ce montant sur votre carte diminuant ainsi votre plafond mensuel de dépenses. 
C’est pourquoi vos transactions suivantes peuvent être refusées même si vous n’avez pas atteint le plafond mensuel de dépenses. 
C’est pourquoi, il est nécessaire de vérifier votre plafond mensuel de dépense avant de partir et demander à l’augmenter si nécessaire. Les bonnes cartes permettent la gestion du plafond en ligne. Sinon appelez votre gestionnaire. Le plafond est à la discrétion de l’émetteur de carte et dépend du risque qu’il accepte de prendre avec vous. Si vous êtes un nouveau client ou si vous n'avez aucun revenu ni aucun actif auprès de votre nouvelle banque en ligne, il est possible que votre plafond de dépense mensuelle soit trop faible.

Le Change
Le taux de change qui vous sera appliqué est variable. Si vous utilisez une carte VISA, le taux appliqué est publié sur le site de VISA à la date à laquelle VISA va changer votre achat en Euro, souvent le lendemain de votre achat. Ce taux inclut la commission de change de VISA comprise entre 0,1% et 1%, par rapport au taux de la Banque de France, dépendant de la devise et du risque de change auquel est confronté VISA. 

A cette commission, il faudra ajouter la commission prélevée par votre banque ou par American Express. 

Et dans le cas d'un retrait, une commission supplémentaire est souvent prélevée par le propriétaire du distributeur de billet, normalement affichée avant de valider votre retrait. Exemple, en Espagne tous vos retraits en Euro se voient appliquer une commission de 1€ en plus de la commission éventuellement appliquée par votre banque.
Dans tous les cas, le taux de change pour les paiements et les retraits en devise par carte est plus favorable que le taux appliqué lors d'un change en billet, sauf exception que je n'ai jamais rencontrée. Mais, ma banque en ligne sans agence ne prélève aucune commission sur les devises et sa cotisation mensuelle est gratuite. 

Le change manuel est plus coûteux que le retrait au distributeur, car ce dernier est beaucoup plus automatisé et bénéficie d'un effet volume.

Assurance annulation, rapatriement, location de voiture, vol de portable, etc...

Les cartes PREMIER (ou équivalent) ont en principe une assurance annulation rapatriement et location de voiture.
Néanmoins, il est judicieux de vérifier le niveau de garantie prévue pour votre carte.
  • L'assurance annulation vous rembourse tous les paiements non remboursables faits avec votre carte  avant le voyage, si vous remplissez les conditions d'annulation. Ainsi les taxes d'aéroport étant remboursées par la compagnie aérienne, l'assurance VISA ne vous la rembourse pas.
    Suite à une annulation de voyage, une compagnie aérienne américaine m'avait refusé par écrit le remboursement de la taxe d'aéroport. L'assurance annulation m'avait alors remboursé. Mais comme j'avais en même temps réclamé le remboursement de cette taxe à la compagnie aérienne. Cette dernière m'avait également remboursé !!!! Il y a prescription.
  • L'assurance rapatriement assure votre prise en charge en cas d'impossibilité de continuer votre voyage, telle que prévue à votre contrat...si vous avez payé le voyage avec votre carte. Les paiements d'avance réglés avec votre carte et non utilisés seront alors remboursés.
  • L'assurance véhicule de location évite de payer une grosse partie de l'assurance proposée par le loueur. Il peut rester à votre charge l'assurance responsabilité civile.
D'autres garanties peuvent être proposées par votre carte comme celle d'une de mes cartes ci-contre. Par exemple, en cas d'écran brisé ou téléphone volé, garanti jusqu'à 800€... si l'appareil a été acheté avec la carte. Mais rien sur la location de voiture. 
J'ai une autre carte qui me garanti en cas de vol ou dommage à un véhicule loué.




jeudi, septembre 30, 2021

Le Cloud démystifié

Le Cloud computing (littéralement : l’informatique dans les nuages), c’est la possibilité de disperser un système d’information sur des infrastructures prises en charge par un ou plusieurs prestataires. La localisation géographique de ces ressources virtuellement illimitées n’importe plus, sauf si le temps de réponse est critique (jeux vidéo, trading haute fréquence,...)

La facturation est de plus souvent faite en fonction de l'usage des ressources consommées (stockage, puissance, applications, télécom, etc..).

Pour plus de détails sur les différents types services proposés : Iaas, Paas, Saas, voir ici.

Le Marché Mondial

Le marché mondial, en croissance de 20% par an à 170 milliards de $, est dominé par les GAFA, avec Amazon AWS et Microsoft Azure raflant plus de 50% du marché.

Le plus gros européen, loin derrière, est la société française OVH fondée par un immigré polonais Hervé Kabla (normal puisque le Cloud est la plomberie du numérique). Elle a un chiffre d'affaires d'environ 632 M€ et dispose d'environ 400 000 serveurs. Voir ici.

Orange, un acteur relativement important

Orange a également une offre dans le cadre de OBS.

En 2020, « Les activités de cloud et de cybersécurité ont poursuivi leur croissance, affichant sur l'ensemble de l'année 2020, des progressions respectives de +6% et +9% ».

« Le Cloud représente un peu moins de 400 millions d’euros en 2017, ce qui fait d’Orange le numéro deux français du cloud computing, derrière Atos mais devant Capgemini, OVH et Sopra Steria. "Nous réalisons environ 50% de notre chiffre d’affaires en France, 40% ailleurs en Europe et 10% dans le reste du monde, détaille Stefan Kanis. Nous voyons des opportunités pour nous développer en dehors de la France et dépasser les 50% de chiffre d’affaires à l’international en 2022." Voir ici

Le Cloud Souverain

L'Europe n'a pas réussi à se mettre d'accord pour créer une offre indépendante des américains pour « garantir la protection technique et juridique des données numériques des entreprises et citoyens ».

Face à cela, la dernière position officielle de la France, annoncée le 17 mai 2021, est présentée ici et résumée ci-dessous.

  • création d'un label porté par l'Etat qui visera à assurer la souveraineté des données.

  • « Nous avons donc décidé que ces meilleures entreprises de services américaines, je pense en particulier à Microsoft ou à Google, pourraient licencier tout ou partie de leur technologie à des entreprises françaises de façon à ce que, dans ce cloud de confiance, on puisse conjuguer ce que nous n'étions jamais arrivés à conjuguer : protection maximale et valorisation maximale des données »

  • « Alors je vois déjà ceux qui vont pousser des cris d'orfraie en nous disant “Mais en faisant des licences avec des entreprises américaines, vous allez renoncer à la souveraineté française.” Absolument pas. D'abord parce que nous garantissons cette protection maximale que je viens d'indiquer et ensuite parce que, je le rappelle, dans notre histoire économique, dans notre histoire industrielle, c'est des choix que nous avons déjà faits. Comment est-ce que nous avons développé la filière industrielle française ? Mais nous l'avons fait grâce à la licence de technologie américaine. Cela n'a pas empêché l'indépendance totale du système nucléaire français. Cela n'a pas empêché la France de disposer d'une énergie nucléaire de manière totalement souveraine sur la base de licences de technologies américaines. »

Le marché européen

Selon Synergy Research, T-Systems, la filiale de services du numérique de l’opérateur télécoms allemand Deutsche Telekom, s’impose comme le leader européen avec environ 2% du marché en Europe. Un poids 14 fois inférieur à celui d’Amazon, 10 fois inférieur à celui de Microsoft et 6 fois inférieur à celui de Google. Il est également devancé par trois autres acteurs nord-américains : IBM, Salesforce et Oracle. Il est suivi par OVHcloud, SAP et Orange et une longue liste d’acteurs nationaux ou régionaux.

L'énergie et le réchauffement climatique

Entre 2010 et 2018, la consommation énergétique des « data centers » des 28 pays européens est passée de 53,9 TWh/an à 76,8 TWh/an, soit une hausse de 42%. Voir ici.

C'est pourquoi, les fournisseurs cherchent à localiser leurs infrastructures près de sources d'énergie renouvelables, propres et bons marchés. Pour le refroidissement, utiliser les infrastructures comme source de chauffage urbain est une idée qui fait son chemin.

Attention toutefois, un éloignement de 1500 km des utilisateurs du service entraine un délai supplémentaire d'un centième de seconde entre une demande et la réponse.

Du point de vue technique, les salles informatiques utilisent au maximum les standards de l'industrie en matière de matériel et de logiciel, de façon à bénéficier au mieux des économies d'échelle. Pour une visite virtuelle d'un data center d'Orange, voir ici

Et pour moi, qu'est-ce que cela change ?

Pas grand-chose, puisque vos données personnelles sont stockées dans de grands centres informatiques connectés à Internet. Que le centre appartienne à votre fournisseur ou à ses prestataires, cela importe peu. Votre fournisseur, administration, banque, assurance, Sécurité Sociale, Mutuelle, Caisse de retraite, télécom, fournisseur de mail, réseaux sociaux, gaz, électricité, eau, e-commerçants favoris, pour ne citer que les plus importants, est responsable de la sécurité et de la protection de vos données personnelles. 

Le plus important est de sécuriser l'accès à vos différents espaces client par des mots de passe très complexes, différents pour chaque fournisseur et changeant régulièrement. Pour ce faire, il est indispensable d'utiliser un logiciel de gestion de mots de passe. Il en existe des gratuits. Voici une liste ici.

Et pour savoir, si votre fournisseur ne stocke que les seules données utiles et y avoir accès, la CNIL et le règlement général sur la protection des données (RGPD) vous permettent de savoir.

Pour obtenir cette information, il vous suffit d'en faire la demande. Par exemple pour votre mutuelle, vous pourriez faire la demande suivante :

  • Conformément à l'Article15 du règlement général sur la protection des données (RGPD), je souhaite recevoir sous trente jours, sous format électronique dans un format compréhensible, l’ensemble des données me concernant stockées dans votre système d’information. En particulier les données provenant de la sécurité sociale ainsi que les données de remboursement à des tiers et à moi-même

    Je souhaite en outre savoir :
    les finalités d’utilisation de ces données,
    les destinataires ou catégories de destinataires qui ont pu accéder à ces données,
    la durée de conservation des données ou les critères qui déterminent cette durée

Le Cloud peut-il me servir pour les données que je gère chez moi : photos, comptabilité, factures, contrats, actes de propriété, etc... ?

Puis-je utiliser des applications stockées dans le Cloud ?

La réponse aux deux questions est OUI et sera développée ultérieurement.

Est-ce utile ? En général oui.


dimanche, mai 16, 2021

Langues, écritures, religion et politique

Ce document se veut une introduction à la diversité des langues du monde, au rôle politique ou religieux qu'elles peuvent jouer et aux risques de disparition de ces langues ainsi que, potentiellement, des cultures qui y sont associées.

Pour faciliter la lecture et pour vous permettre d'approfondir certains sujets, les termes techniques soulignés renvoient vers le web pour une définition/explication.

Il y a 7139 langues parlées aujourd'hui sur notre planète, dont environ 1000 parlées par quatre millions d'habitants de l'archipel de la Nouvelle-Guinée. Parmi celles-ci, 800 sont des langues papoues en rouge sur la carte, selon www.ethnologue.com qui est une des références dans le domaine.

Si l'on inclut les 25 000 îles de l’Insulinde en jaune/beige sur la carte, alors il y aurait environ 2000 langues parlées par une population de 380 000 000 d'habitants environ (5% de la planète pour 30% des langues).

Environ 2500 langues sont en danger, ce qui fait que les nombres ci-dessus évoluent. Et la géopolitique en crée de nouvelles : tchécoslovaque remplacé par tchèque et slovaque.


Le niveau de danger est variable selon des critères proposés par l'UNESCO dans son Atlas des langues

en danger dans le monde.

Les notions de langue officiellelangue nationale et système d'écriture officiel ne sont pas du tout universelles. Voir les articles correspondants en cliquant sur les liens. Ainsi, l'Italie n'a de langue officielle que depuis 1999, officialisée à l'occasion de la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Les Etats-Unis n'ont pas de langue officielle. Mais la moitié des Etats en ont une, l'Alaska, Hawaï et le Dakota du Sud en ont plusieurs.

Par ailleurs le comptage des dialectes et des variantes d'une même langue est un sujet délicat techniquement et politiquement qui peut modifier les nombres. La différence entre une langue et un dialecte est souvent politique et peut varier d'un linguiste à un autre. Il se dit parfois qu'une langue est un dialecte qui a réussi. 

Par exemple, sous Tito la langue principale était le serbo-croate. Il existe aujourd'hui 4 langues nationales qui la remplacent : croate, serbe, bosniaque et monténégrin. Et ces langues divergent pour des raisons politiques et culturelles, alors qu'elles étaient plus proches que ne le sont l'anglais de Grande-Bretagne et l'anglais américain.

De même, lors de la partition de l'Inde, le Pakistan musulman et l'Inde à majorité hindouiste ont renommé l'Hindoustani parlé dans le nord du sous-continent indien en Urdu et Hindi. Le premier s'écrivant en caractères arabo-persans اُردُو et le second en caractères Devanagari देवनागरी. Et les nouveaux mots utilisent plutôt des racines persanes au Pakistan et sanscrites en Inde. Les langues ont ainsi divergé jusqu'au succès international de Bollywood en Hindi qui entraine une certaine convergence entre ces langues.

Ecriture et informatique

Au début de l'informatique dans les années 1960-1970, on ne pouvait écrire et imprimer que les caractères latins non accentués suffisants pour l'anglais.

C'est ainsi que petit à petit il a été nécessaire de codifier au niveau international les différents systèmes d'écriture de façon à permettre leur affichage sur tous les systèmes informatiques. Et pour permettre l'échange de documents informatiques, une normalisation internationale s'est vite avérée indispensable. Ainsi, le présent texte est en principe lisible sur tous les systèmes informatiques et est imprimable partout.

La norme ISO 639-3 codifie les noms de langues et en codifie 8140, incluant les langues mortes et les langues construites.

De façon à permettre l’interopérabilité des fichiers texte, Unicode et l'ISO 10646 codifient dans un Jeu Universel de Caractères codés (JUC) environ 110 000 caractères. La Chine a ajouté des codifications à ce jeu de caractères obligatoire pour tous les systèmes vendus en République Populaire de Chine.

Les systèmes d'écriture

Environ 3982 langues ont un système d'écriture selon le site Omniglot

Et selon le même site il y a 34 systèmes d'écriture distincts actifs aujourd'hui dont la majorité est utilisée dans le sous-continent indien.

Six systèmes d'écriture ont une vocation continentale, voire mondiale : les alphabets latin, cyrillique, arabe et hébreu, l’alpha-syllabaire brahmi et ses variantes ainsi que les sinogrammes.

Les autres systèmes d'écriture sont aujourd'hui l’alpha-syllabaire guèze qui sert à écrire les langues éthiosémitiques (100 millions de locuteurs), les écritures géorgiennes, arméniennes et coréennes. Ainsi que le tifinagh, l'alphabet ancestral berbère que les pays du Maghreb tentent de faire revivre.

Tous les systèmes d'écriture alphabétiques et alpha-syllabaires dérivent des systèmes d'écriture préhistoriques de Mésopotamie. Néanmoins, certains scientifiques indiens penchent pour une origine endogène des écritures indiennes.

L'alphabet Latin

L'alphabet latin est utilisé dans plus de 1000 langues avec une adaptation par signes diacritiques et/ou par doubles consonnes pour s'adapter aux sons des différents langages. Il y a également des signes diacritiques pour décrire les tons des langues tonales comme le vietnamien. 

Compte tenu du nombre de sons différents sur notre planète, il y a plusieurs centaines de diacritiques différents, rien que pour l'alphabet latin. Voir détail diacritiques. Il existe également des caractères supplémentaires, en plus des 26 caractères de base, pour certaines langues.

Parmi ces signes diacritiques peu connus en France, il y a le macron, l'ogonek (Ą, ą, ę, Į, į), le caron (č, ř, š, ž, ď, ť, ľ, ǎ, ě, ǒ), le chandrabindu, le double accent aigu utilisé uniquement en hongrois (Ű, ű), etc...

La plupart de ces adaptations furent le fait de religieux européens qui ont inventé une écriture pour les langues non écrites de façon à traduire et imprimer la bible dans le cadre de l'évangélisation.

D'autre part l'Alphabet phonétique international est en grande partie basé sur l'alphabet latin. Il comprend 107 lettres, 52 signes diacritiques et 4 caractères de prosodie.

L'alphabet cyrillique

Une soixantaine de langues non slaves parlées dans l'ex-Union Soviétique s'écrivaient en caractères cyrilliques.

Le kazakh, l'ouzbek, l'azéri sont passés de l'écriture arabe, aux lettres latines puis cyrilliques pour revenir au latin à la chute de l'URSS. La plupart des langues non slaves ont arrêté le cyrillique.

L'alphabet arabe

Pratiquement toutes les langues des pays islamisés se sont écrites avec l'alphabet arabe ou arabo-persan, de l'espagnol au malais en passant par le somali au turc. C’est ce que l’on appelle un aljamiado.

La plupart de ces langues sont passées à l'alphabet latin, sauf les langues indo-iraniennes des pays musulmans. A l'exception des kurdes qui écrivent en latin, arabo-persan ou cyrillique (durant l'URSS) suivant le pays de résidence.

L'alphabet arabo-persan dispose de 4 consonnes de plus que l'alphabet arabe :[p] (پ), [tch] (چ), [j] (ژ) et [g] (گ).

L'alphabet arabe, comme l'hébreu, est en fait un abjad, c'est-à-dire que la plupart des voyelles ne s'écrivent pas. Il s'écrit de droite à gauche comme l'hébreu.

Les alphabets dérivés de la brahmi

Cet alpha-syllabaire a servi de base aux différents alpha-syllabaires du sous-continent indien, ainsi que de l'Extrême-Orient sous l'influence de la diffusion de l’hindouisme et du bouddhisme. Cette diffusion s'est étendue jusqu'au javanais, au balinais et à quelques îles des actuelles Philippines. Néanmoins ces langues, quand elles sont parlées au Pakistan, s'écrivent dans des variantes de l'alphabet arabo-persan. Ainsi, en pendjabi on écrit ਪੰਜਾਬੀ ou پنجابی suivant que l'on écrit en Inde ou au Pakistan. 

A l'opposé du Pakistan, le Bangladesh (ex-Pakistan oriental), également musulman, écrit le bengali avec l'alphabet bengali identique à celui de Calcutta বাংলাদেশ. Il est à noter que la raison majeure de l'indépendance du Bangladesh le 25 mars 1971 est linguistique1.

Parmi toutes ces langues, seules les langues de l'Inde du Nord sont indo-européennes. Voici « bonjour » dans différentes langues de l'Asie utilisant aujourd'hui une écriture dérivée de la brahmi.

ਸਤ ਸ੍ਰੀ ਅਕਾਲनमस्तेவணக்கம்สวัสดีབཀྲ་ཤིས་བདེ་ལེགས།ഹലോಹಲೋ.

Les sinogrammes

Les sinogrammes sont, à ma connaissance, le seul système d'écriture logographique actuellement en usage dans le monde. Ils sont utilisés pour écrire les différents dialectes chinois et le japonais.

Les avantages du système logographique :

  • Ecriture indépendante de la prononciation. C'est pourquoi les films et les émissions de TV chinois sont la plupart du temps sous-titrés pour être compris dans toute la Chine. Par exemple, « sortie » s'écrit 出口 en chinois et en japonais, mais se lit Chūkǒu en mandarin et Deguchi en japonais.
  • Pas ou peu de flexions grammaticales
  • Il semble qu'il soit plus rapide d'écrire un texte en chinois qu'en anglais avec un clavier virtuel prédictif (voir plus bas).

Les inconvénients :

  • Pas de machine à écrire avant l'informatique de bureau. Ou pour être plus précis, des machines très complexes avec 4000 caractères. Voir https://fr.qaz.wiki/wiki/Chinese_typewriter
  • Pas de Telex, qui était le seul moyen de communication écrite longue distance depuis les années 1930 (en plus du Morse), qui était limité à 32 caractères différents. C'est pourquoi les japonais ont développé le fax dans les années 1980.
  • Les enfants ne lisent couramment que vers 10 ans. Avant ils sont aidés par différents systèmes phonétiques, comme le bopomofo.
  • Avant l'informatique, les imprimeries à caractères mobiles étaient très complexes en raison du nombre de caractères différents. Ce qui n'a pas empêché la Chine d'inventer ce type d'imprimerie plusieurs siècles avant Gutenberg.

L’effectif précis des sinogrammes existants est sujet à débat. Leur nombre peut se compter en dizaines de milliers, les estimations vont de 40 000 à plus de 60 000 si on prend en considération leur nombre sur la durée totale d’existence de l’écriture chinoise. Mais les ¾ sont des variantes graphiques qui ne sont plus utilisées. Le chinois courant requiert la connaissance de 3 000 à 5 000 sinogrammes et le japonais de 2 000 à 3 000 (appelés kanjis). En effet, le japonais utilise deux syllabaires en plus des kanjis : les 46 hiraganas et les 46 katakanas.

Mao Zedong a imposé la simplification des sinogrammes pour faciliter l'alphabétisation du peuple. Cette simplification n'est pas mise en œuvre à Taiwan et à Hong-Kong.

Avec un clavier virtuel prédictif comme ci-dessous, il semble qu'il soit plus rapide d'écrire un texte en

chinois que le même texte dans les langues occidentales.

Bonjour se dit Nǐ hǎo en mandarin (écrit en pin yin) et s'écrit 你好. Avec un clavier virtuel prédictif on le tape avec 4 appuis de touche ou moins, les sinogrammes apparaissant au fur et à mesure de la frappe au clavier comme dans la figure ci-dessus. Dans l'image ci-dessus, après avoir tapé ni, le premier sinogramme

apparaît parmi d'autres. Et après l'avoir sélectionné, on a l'image ci-dessus des différents sinogrammes suggérés dont celui de bonjour apparaît à gauche, car il est le plus probable.

L'alphabet hébreu a été utilisé pour écrire de nombreuses langues parlées par les juifs au cours de leurs migrations. La Shoah, l'exode des juifs des pays arabes et la création d'Israël limitent maintenant son usage principalement pour écrire le hébreu et le yiddish. Le yiddish est la langue des juifs ashkénazes basée sur l'allemand rhénan du Moyen Âge intégrant des mots hébreux et des locutions slaves au fur et à mesure de la migration des juifs vers l'est. Le Yiddish est encore aujourd'hui langue officielle du Birobidjan au fin fond de la Sibérie.


Le judéo-espagnol est la langue des Sépharades, descendants des juifs expulsés d'Espagne en 1492, suite au décret de l’Alhambra, et accueillis dans l'Empire ottoman. Il est basé sur le castillan du Moyen Âge. Il s'écrit maintenant en caractères latins. 

Shahin Shirazi, célèbre poète juif perse contemporain de Hafez au 14ème siècle, écrivait le perse et le judéo-perse en caractères hébraïques comme dans le livre d'Esther versifié ci-contre.

Voir une synthèse des langues juives ici.


Les chiffres arabes

Les chiffres arabes sont universellement utilisés 1234567890...sauf dans les pays arabes, hors Maghreb,


qui utilisent en priorité des chiffres dérivés de l'Inde١٢٣٤٥٦٧٨٩٠. Mais en Inde, on privilégie d'autres caractères comme indiqué dans la table ci-contre.

Nota : l'arabe et l'hébreu s'écrivent de droite à gauche, sauf les chiffres qui s'écrivent de gauche à droite. Ce qui rendait la dactylographie avec machine mécanique un peu compliquée. Problème résolu par les traitements de texte qui inversent automatiquement le sens d'écriture et permettent aussi d'insérer facilement des mots écrits en caractères latins.

Translittération

Les explorateurs et colonisateurs ont toujours eu besoin d'écrire en caractères latins les noms des personnes et des lieux rencontrés. Mais chaque pays l'a fait en tenant compte de sa manière de prononcer et de ses règles orthographiques. Ce qui fait qu'il y a parfois autant d'orthographes d'un même mot que de langues occidentales. 

Ainsi le célèbre collectionneur d'art russe Сергей Иванович Щукин s'écrit en Français Chtchoukine. Mais chaque pays/langue a son orthographe : Sxukin, Shchukin, Schtschukin, Ščukin, Sjtsjoekin, Şukin. Il faut dire que la consonne Щ est difficile à prononcer pour un gosier occidental.

Et Jivago du roman До́ктор Жива́го s'écrit suivant les langues : Zhivago, Schiwago, Živago, Zjivago, etc...

De même Mao Zedong, son nom officiel, s'écrivait jadis Mao Tse-tung, Mao-Tsé-toung, Mao Tsé-Tung suivant les pays.

La Chine populaire utilise une méthode assez autoritaire et impose petit à petit la translittération Pin Yin, conçue dans les années 50, avec des signes diacritiques pour signaler les tons. Ainsi un occidental peut apprendre le chinois sans apprendre les sinogrammes, avec la même orthographe dans tous les pays.

Zoom sur l'écriture des langues slaves

Les moines orthodoxes grecs ont eu le même besoin d'écrire la bible dans les langues slaves des peuples qu'ils ont évangélisés. Et bien entendu, ils ont adapté l'alphabet grec pour le faire. Pi, Delta, Phi, Gamma, Rhô, Lambda sont très proches en grec et en russe. Ainsi П, Д, Ф, Г, Р, Л en majuscule russe (Π, Δ, Φ, Γ, Ρ, Λ en grec) se lisent P, D, F, G, R, L.

Les plus connus de ces évangélisateurs sont Saint Cyrille et son frère Méthode. L'alphabet inventé s'est ainsi appelé le cyrillique. L'alphabet cyrillique russe compte 33 lettres depuis 1917 au lieu de 37 avant et pas de signe diacritique. Néanmoins de nombreux diacritiques sont utilisés pour écrire les langues non slaves de l'ère soviétique. Et des lettres spécifiques existent pour chaque langue slave.

Mais les évangélisateurs catholiques des slaves ont bien entendu utilisé l'alphabet latin.

Ainsi donc, l'alphabet latin est utilisé pour le polonais, le tchèque, le slovaque, le slovène, le croate, le sorabe, le kachoube, etc...

Le cyrillique pour le russe, l’ukrainien, le biélorusse, le serbe (lequel utilise aussi un alphabet latin pour des raisons politiques), le bulgare et le macédonien.

Pour les langues non slaves de l'Europe centrale et pour les mêmes raisons, le hongrois (langue ouralienne non indo-européenne) et le roumain (langue latine) furent écrits respectivement en caractères latins et cyrilliques au moment de l'évangélisation.

Une mention particulière politique doit être ici faite pour le roumain :

  • Au 19ème siècle, des lettrés roumains de Transylvanie (dans l'empire austro-hongrois) ont introduit l'alphabet roumain actuel utilisant les lettres latines, au lieu du cyrillique.
  • À partir de 1938, la République socialiste soviétique moldave a repris un alphabet cyrillique plus proche de l’alphabet russe, et donc différent du premier.
  • Puis à l'indépendance de la Moldavie, l'alphabet roumain a été repris pour écrire le soi-disant moldave qui est en réalité du roumain...
  • Sauf en Transnistrie sécessionniste qui continue à utiliser le cyrillique pour écrire le roumain.

Les grandes familles de langues



Les linguistes ont regroupé les langues par famille. En principe une famille de langues regroupe des langues qui ont un ancêtre commun et donc des racines communes. La carte illustre les principales familles de langues dans le Monde.

En Europe, les familles suivantes sont représentées :

  • Les langues indo-européennes généralement subdivisées en huit branches : l'albanais, l'arménien, les langues balto-slaves, les langues celtiques, les langues germaniques, les langues helléniques, les langues indo-iraniennes (parlées par les Roms), les langues romanes.
  • Les langues finno-ougriennes : Hongrois, Finnois, Estonien et les langues sames de Laponie, etc..
  • Une langue sémitique : le Maltais
  • Les langues turciques parlées à Chypre, dans la partie européenne de la Turquie, en Bulgarie et en Moldavie (Gagaouzie)
  • Les langues caucasiennes : géorgien, tchétchène, abkhaze, etc... Certains rapprochent le basque des langues caucasiennes.
  • Le Basque qui est un isolat apparenté à aucune famille linguistique
  • Les langues de l'immigration extra-européenne.

Les langues du continent américain

Le continent américain abrite environ 1000 langues autochtones encore parlées aujourd'hui, regroupées en grandes familles de langues de tailles très variables. Le nahuatl et les langues mayas en Amérique centrale, quechua, aymara, guarani en Amérique latine sont parlées chacune par plusieurs millions de locuteurs aujourd'hui. Les jeunes générations parlent presque tous également la langue dominante du pays où ils habitent (anglais, espagnol, portugais, français ou néerlandais). 

Les pays d'Amérique n'ont pas nécessairement de langue officielle, ou alors ils en ont 36 comme le Pérou et la Bolivie.

Les deux exceptions notables sont :

  • Le Canada avec le Français et l'Anglais
  • Le Paraguay avec le Guarani, langue nationale, et l'Espagnol.

Les langues et la naissance des nations modernes

La fin du dix-neuvième siècle a vu la naissance de nombreux Etats Nation modernes, ou du moins la création de mouvements projetant la création d'une nation.

Dans quelques cas, la langue fût un élément important du projet de nation.

  • Ainsi le Risorgimento a promu le florentin, langue de culture et de Dante Alighieri, parlé par 2% d'italiens à l'époque. 
  • Dès le début du sionisme, l'hébreu fût choisi comme future langue d'Israël, alors que c'était une langue morte utilisée uniquement pour les commentaires des textes sacrés. Eliezer Ben-Yehuda est généralement crédité comme l'inventeur de l'hébreu moderne. Ses fils seraient les premiers enfants depuis 2000 ans à avoir l'hébreu comme langue maternelle. Le vocabulaire moderne a souvent été construit à partir de racines arabes adaptées à la phonologie et la grammaire hébraïque. 
  • Les mouvements indépendantistes indonésiens ont choisi le malais, langue étrangère, comme langue nationale. Il a été renommé Bahasa Indonesia.
  • Franco et Tito ont essayé, vainement, d'imposer respectivement le castillan et le serbo-croate comme langue nationale.

Les langues d'Afrique

Les langues officielles de l'Union Africaine sont :l’arabe, l’anglais, le français, le portugais, l’espagnol et le kiswahili.

Une seule des 2000 langues africaines est officielle dans l'Union Africaine.

Il existe un véritable enjeu de l'enseignement des langues africaines dans les systèmes scolaires.

Voir https://www.globalpartnership.org/fr/blog/lenseignement-dans-la-langue-maternelle-en-afrique

« En effet, dans la plupart des pays africains, les langues maternelles sont introduites comme matières et véhicules d’enseignement, en articulation avec d’autres langues internationales de grande diffusion (langues officielles/étrangères).

À cet effet, l’un des défis majeurs est de faire évoluer les modèles d’enseignements bilingues actuels, à dominante soustractive ou de sortie précoce de transition, vers des modèles de sortie tardive pouvant déboucher sur un bilinguisme additif ou équilibré. »

Pour une synthèse des langues en Afrique, voir https://en.wikipedia.org/wiki/Languages_of_Africa

Conclusion

La communauté internationale est consciente du risque de disparition des langues minoritaires.

L'UNESCO publie des statistiques et organise chaque année la journée de la langue maternelle (21 février). Mais la préservation des langues minoritaires passe par des décisions politiques fortes, des actions locales et le bilinguisme. Le basque beaucoup plus développé en Espagne qu'en France est un exemple caractéristique du type d'action nécessaire à la revitalisation d'une langue minoritaire, faite parfois au détriment des non-bascophones qui se sentent discriminés.

La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires est un traité européen, proposé sous l'égide du Conseil de l'Europe et adopté en 1992 par son Assemblée parlementaire, destiné à protéger et favoriser les langues historiques régionales et les langues des minorités en Europe.

La ratification du traité par la France nécessite une loi constitutionnelle votée par l'Assemblée Nationale en janvier 2014. Le texte est rejeté par le Sénat le 27 octobre 2015, empêchant la ratification.

Néanmoins, la France applique une partie de la Charte.

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mercredi, janvier 20, 2021

Holocauste en Hongrie

l'Holocauste en Hongrie

À la suite de l'éclatement de l'empire austro-hongrois (traité de Trianon) et de la révolution qui a engendré le régime communiste dirigé par Béla Kun, la Hongrie a été dirigée pendant 24 ans par un gouvernement autoritaire conservateur dirigé par l'amiral Miklos Horthy. Horthy lui-même se considérait comme un antisémite et aurait déclaré: «J'ai jugé intolérable qu'ici, en Hongrie, tout, chaque usine, banque, grande fortune, entreprise, théâtre, presse, commerce, etc. soit aux mains des juifs. Pourtant, la communauté juive hongroise a vécu dans une relative sécurité pendant les années 1920 et la majeure partie des années 1930. Entre 1938 et 1941, la population juive de Hongrie est passée à environ 825 000, dont environ 100 000 convertis au christianisme, à la suite de l'annexion à la Hongrie, avec le soutien de l'Allemagne et de l'Italie, des régions magyarophones perdues au traité de Trianon : le Sud de la Slovaquie  (1938), la Ruthénie subcarpatique (1939), la Transylvanie septentrionale (1940) et la région de Backa de la Yougoslavie démembrée (1941). Entre 1938 et 1941, le régime Horthy a également promulgué des lois raciales calquées sur les lois de Nuremberg en Allemagne qui ont inversé le statut d'émancipation de la communauté juive hongroise de 1867.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, les Juifs n'ont plus été autorisés à servir dans l'armée hongroise, mais les hommes juifs ont été enrôlés dans des bataillons de travaux forcés où ils ont été soumis à des traitements et des conditions si durs que 27 000 seraient morts avant l'occupation allemande de la Hongrie en mars 1944.

En 1941, le gouvernement hongrois a déporté environ 20 000 Juifs non hongrois vers l'Ukraine occupée par l'Allemagne en 1941, où ils ont été abattus par les SS Einsatzgruppen. L'année suivante, des soldats hongrois ont assassiné quelque 3 000 Juifs et Serbes dans l'ancienne ville yougoslave de Novy Sad. Cependant, le régime de Horthy a refusé de remettre les juifs hongrois aux nazis jusqu'en mars 1944, lorsque l'Allemagne a pris le contrôle de la Hongrie.

En avril 1944, les quelques 500 000 Juifs vivant en dehors de Budapest ont été contraints de vivre dans des villes désignées. Puis, en moins de deux mois à compter de la mi-mai 1944, environ 440 000 Juifs ont été déportés à Auschwitz-Birkenau sur plus de 145 trains dans ce qui était l'opération la plus efficace de l'Holocauste. La grande majorité de ces Juifs, environ 320 000, ont été assassinés dès leur arrivée au camp de la mort. À Budapest, pendant ce temps, la population juive de la capitale a été entassée dans un ghetto et terrorisée par les Croix fléchées. Puis, ces derniers ont assassiné des milliers de juifs sur les berges du Danube et ont jeté leurs corps dans le fleuve. 

De nombreux Juifs de Budapest ont été emmenés en Allemagne lors de marches de la mort au cours desquelles un grand nombre d'entre eux ont péri.

Avec le soutien du gouvernement suédois et du US War Refugees Board, Raoul Wallenberg a été recruté pour se rendre à Budapest où il a fourni des certificats de protection et falsifié des documents qui ont sauvé la vie de milliers de Juifs. Des opérations de sauvetage similaires ont été menées à Budapest par le diplomate suisse Carl Lutz et l'italien Giorgio Perlasca qui se faisait passer pour un diplomate espagnol.

Il faut aussi noter le rôle de Rudolf Kasztner qui négocia avec Eichmann le sauvetage de 2700 juifs, dont une de mes tante, vers la Suisse.

Seuls environ 255 000 Juifs, soit moins d'un tiers des 825 000 qui avaient vécu dans la Hongrie élargie en mars 1944, ont survécu à l'Holocauste.

Pour plus de détail, voir ici 

jeudi, janvier 23, 2020

Quelle complémentaire santé (appelée communément mutuelle) à la retraite ?

La meilleure complémentaire santé à la retraite est l'auto-assurance

Au moment de la retraite, les cotisations à la complémentaire santé "responsable" (souscrite par 96% des français auprès de compagnies d'assurance, de mutuelles ou de caisses de retraite et appelée communément "mutuelle"), ne bénéficient plus de la déduction fiscale ni de l'aide de l'employeur et ne sont plus obligatoires. Ce qui fait que le coût réel, après impôts, supporté par un jeune retraité pour payer sa "mutuelle" est multiplié par 3 au minimum au moment de partir à la retraite.
  • Un salarié ne paye que la moitié des cotisations environ, car le reste est payé par l'employeur et par la déduction fiscale des cotisations salariées. Et au moment de la retraite, le retraité peut conserver la même mutuelle, mais avec une cotisation augmentant de 50% qu'il doit payer à 100% sans déduction fiscale.
De nombreux articles de presse comme celui-ci et comme le numéro d'octobre 2015 de la revue "mieux vivre votre argent" suggèrent très fortement que l'auto-assurance est la meilleure solution, car le vrai risque est couvert par l'assurance maladie obligatoire qui coûte 1% de la retraite..C'est à dire qu'il s'agit d'arrêter la mutuelle et de disposer en permanence de 3 à 5 ans de cotisations en liquidité rapidement disponible.
Pour l'assurance incendie, l'assurance responsabilité civile , l'assurance maladie obligatoire couvrant l'hôpital et les maladies graves, l'assuré peut disposer de statistiques et sait qu'un cas grave pouvant coûter des centaines de milliers d'€ sera bien couvert. Ainsi, une dialyse coûte 90 000€ par an à la Sécurité Sociale et rien à la mutuelle. Rien de tel pour les "mutuelles responsables" et aucune statistique ne permet de mesurer le risque couvert. Et les mutuelles ne prétendent pas qu'elles couvrent de gros risques financiers et refusent de fournir des statistiques qu'elles auraient la possibilité de fournir. Pourquoi la Sécurité Sociale mesure-t-elle le risque couvert, et pas les mutuelles ? Pourquoi les députés ont-ils voté la mise en œuvre d'une garantie minimale pour les mutuelles sans vérifier le risque couvert sur 10 ans ?
Certaines années exceptionnelles, une "mutuelle" peut être amenée à rembourser 3 à 5 fois le montant des cotisations, mais cela reste exceptionnel, ne se reproduit pas les années suivantes. Dans cet article, je vais essayer de montrer à l'aide des statistiques publiques de l'assurance maladie que, selon toute vraisemblance, une "mutuelle" sur une durée de 10 ans :
  1. Permet d'économiser de l'ordre de 20 € par mois en frais de santé dans moins de 1% des cas
  2. Coûte plus cher que les cotisations versées dans 99% des cas, c'est à dire que la somme des remboursements est toujours inférieure aux cotisations versées dans 99% des cas et très légèrement supérieure dans 1% des cas.
  3. Ne couvre pas de très grosses dépenses sauf pour les mutuelles, fort rares, qui couvrent bien l'hôpital américain de Paris, une des très très rare clinique non conventionnée en France. Et encore, une telle mutuelle plafonne les remboursements à 30 000 € par an pour une cotisation de 358€ par mois entre 61 et 65 ans et de 509€ par mois de 66 à 70 ans.
  4. Ainsi, pour les lunettes, une mutuelle rembourse en moyenne 5€ par mois pour un retraité qui change de lunette tous les 4 ans. Et compte tenu des taxes et des frais de gestion des mutuelles, le remboursement des lunettes par les mutuelles peut-être assimilé à un crédit à la consommation au taux de 30%.
  5. De façon générale, les complémentaires santé des retraités s'apparentent, selon moi, à un crédit à la consommation au taux de 30%
Les principales données publiques sur lesquelles je m’appuie montrent :
  • Il y a 1% des malades qui ont chaque année un reste à charge moyen mensuel (après remboursement sécurité sociale) supérieur à 271€, mais sur 6 ans il y a 1% des malades qui ont un reste à charge moyen mensuel supérieur à 182€, car ce ne sont pas les mêmes malades qui ont un reste à charge élevé chaque année. Et sur 20 ans, le risque non couvert par l'assurance maladie obligatoire est encore bien inférieur.
  • Le reste à charge est en moyenne pris en charge à 60% par les mutuelles, et le reste est payé par l'assuré.
  • Mais dans les cas les plus coûteux ci-dessus, aucune donnée ne permet de connaître la part prise en charge par une mutuelle de base, alors que les données publiques disponibles auraient permis de le calculer. Les députés, qui ont voté le contenu de la complémentaire santé minimale pour bénéficier du label "responsable", se sont bien gardés de faire cette vérification.
Pourquoi l'auto assurance est-elle préférable à la complémentaire santé pour un retraité qui ne dispose pas d'aide comme les actifs, et qui ne peut pas déduire les cotisations de son revenu imposable, et qui dispose de liquidité correspondant à 3 ans de cotisations mutuelle :
  1. Car le vrai risque est géré par la sécurité sociale et que la complémentaire ne gère que de la trésorerie à un coût de 35% annuel prélevé sur les cotisations versées (13,27% de taxe et 20% de frais de gestion en moyenne). Ainsi, l’hémodialyse coûte 89 000€ par an et par malade à la Sécurité Sociale pour chacun des 31 000 malades, et rien aux mutuelles.
  2. Par ce que rien ne prouve que l'auto-assurance présente un risque sur la durée...bien au contraire.
  3. Car il n'existe aucun cas documenté d'une personne qui aurait été remboursée plus que les cotisations versées sur une période de 10 ans.
  4. Car les mutuelles ne remboursent en moyenne que 60% à 65% des cotisations versées.
  5. Car, en moyenne, 76% des frais de santé, sont remboursés par la sécurité sociale, 13,8% par les complémentaires santé et 8,8% restent à la charge des ménages.
  6. Avec l'auto-assurance, les retraités économiseraient en moyenne 15000€ sur la durée de la retraite, qu'ils pourraient utiliser pour gérer la dépendance et/ou les 8,8% de dépenses qui ne sont remboursées ni par la sécurité sociale, ni par les mutuelles.
Pour plus de détail sur le risque, J'ai présenté ici un argumentaire beaucoup plus détaillé avec de nombreuses références à des études publiques évaluant les coûts de la santé et la répartition entre les Sécurité Sociale, les mutuelles et les ménages.
Les complémentaires santé, qui possèdent des statistiques sur un éventuel risque à ne pas prendre de mutuelle, ne communiquent pas sur un tel risque en fournissant des chiffres et des statistiques.
Elles pourraient communiquer sur la probabilité qu'un assuré soit remboursé sur 10 ans, une somme supérieure aux cotisations versées. Ce risque est à mon avis d'1% de chance d'économiser 20€ par mois sur 25 ans et 99% de chance de cotiser à perte sur 25 ans. Et je montre dans ce billet les raisons de cet avis qui m'a incité à supprimer ma mutuelle au moment de ma retraite il y a sept ans : Nous avons dépensé, ma femme et moi, 50€ par mois et par personne en frais de santé, non remboursés par la sécurité sociale, pendant les 7 ans suivant ma retraite. Et une partie de ces dépenses n'auraient pas été remboursées par une mutuelle
Les différents arguments des mutuelles sont :
  1. La sécurité sociale se désengage : faux, le pourcentage de prise en charge des soins par la sécurité sociale est stable à plus de 76% depuis plusieurs années et a même augmenté de 0,7% entre 2011 et 2014 (voir ici et ici). La couverture des mutuelles oscille très légèrement autour de 13,5% du coût des soins. Il y a effectivement désengagement de la sécu pour les petits bobos, mais pas sur l'hôpital ni sur les ALD (Affections de Longue Durées) prises en charge à 100% qui représentent les vrais risques et plus de 60% du budget de la sécurité sociale. La part des organismes complémentaires dans les dépenses de santé diminue légèrement en 2014 : voir Les dépenses de santé en 2014
  2. En 2015, la part des organismes complémentaires (mutuelles, institutions de prévoyance et sociétés d’assurances) diminue légèrement pour la deuxième année consécutive (-0,3 point en deux ans) et ne représente plus que 13,3 % de la dépense en 2015 http://drees.social-sante.gouv.fr/I....
  3. Les mutuelles se désengagent : vrai. Suite à un intense lobbying, les mutuelles ont obtenu la publication d'un décret le 18 novembre 2014, ayant pour but de diminuer le remboursement des lunettes et des dépassements d'honoraire : ici et ici. Mais, les cotisations n'ont pas baissé en conséquence.
  4. Les lunettes sont chères, mais pour un retraité qui change de lunette en moyenne tous les 4,45 ans, cela représente un remboursement de 5€ par mois pour la mutuelle - et ce remboursement lui a coûté 7€ par mois en moyenne. Voir ici. Les mutuelles avaient demandé un plafonnement drastique du remboursement des lunettes. Le lobbying des opticiens a limité le plafonnement. Voir ici.
  5. L'hôpital avec chambre individuelle : Pour 300 jours d'hôpital sur une durée de 25 ans (20€ par jour plus 40€ pour la chambre individuelle par exemple), cela représente un remboursement moyen de 60€ par mois pour la mutuelle, dont 40€ pour la chambre individuelle. Attention : en cas dépendance, seuls les soins sont pris en charge par la sécurité sociale et la mutuelle. Et encore, si vous êtes en EHPAD, la mutuelle ne paye rien pour les soins courants, ni pour les soins liés à l'ALD. Par ailleurs, on garde de moins en moins longtemps un malade en hôpital. Et si la chambre individuelle est obligatoire, elle n'est pas facturée. Enfin, il existe des mutuelles qui ne couvrent que l'hospitalisation pour un coût très inférieur aux mutuelles généralistes.
  6. Pendant les 30 premiers jours d'hospitalisation, il reste 20% à votre charge sauf si vous avez un acte de diagnostic (scanner ou autre) ou une intervention chirurgicale à plus de 120€. En pratique, cela ne concerne que des séjours d'observation de moins de 3/4 jours qui coûtent au plus 300€ par jour à la mutuelle. Je ne vois pas comment on peut rester 3 jours à l'hôpital sans acte coûtant plus de 120€.
  7. Les dépassements d'honoraire ne sont pas remboursés par la sécurité sociale et peuvent coûter plusieurs milliers d'Euros, surtout en chirurgie, en prothèses et implants dentaires, et en optique : Mais un malade n'a pas de gros dépassements chaque année, et ceux-ci sont loin d'être tous pris en charge par les mutuelles. Il reste ainsi en moyenne 8,8% des dépenses de santé qui restent à la charge des ménages. Ainsi, toutes les statistiques et données publiées ci-dessous et dans les liens publics tiennent compte des dépassements d'honoraire.
Les dépassements d'honoraire m'amènent à fournir les précisions suivantes :
  • Suite à un lobbying intense des mutuelles, le gouvernement a publié le Décret n° 2014-1374 du 18/11/14 qui plafonne le remboursement des dépassements d'honoraire (Article 2, §1 et §2)
  • Par le même décret, le gouvernement a plafonné le remboursement des lunettes dans son §3
  • Les prothèses dentaires sont en général très mal remboursées par les mutuelles et l'on n'a que 32 dents.
  • La conséquence est un plus grand reste à charge à cotisation constante https://www.lopinion.fr/edition/eco...
Dernier argument des mutuelles : le coût des soins augmente avec l'âge :
  1. Cette augmentation est partiellement liée au fait que 7 à 8% des frais de santé pendant toute la vie surviennent la dernière année de vie...et que plus on vieillit, plus la probabilité de mourir dans l'année augmente.
  2. Mais le coût pour les mutuelles augmente 4 fois moins vite avec l'âge que le coût des soins pris en charge par la sécu. Le coût pour la mutuelle diminue même à partir de 80 ans environ. La raison en est que les pathologies des personnes âgées sont plus souvent prises en charge à 100%.
  3. Comme le montre le rapport du "Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie : « Vieillissement, longévité et assurance maladie »" page 17 : "Le taux de couverture des dépenses par la Sécurité Sociale" s’améliore entre 55 et 80 ans, puis se stabilise". La lecture de cette étude permet de comprendre le risque couvert par la Sécurité Sociale en fonction de l'âge.
Mais le véritable argument pour l'auto-assurance provient des différentes statistiques publiques qui montrent que ne n'est pas toujours les mêmes malades qui ont un reste à charge élevé. Autrement dit, les frais de santé peuvent être élevés pour certaines pathologies, mais le reste à charge élevé une année est en règle générale compensé les années suivantes. Et le reste à charge n'est couvert en moyenne qu'aux deux tiers pas les mutuelles.
Analyse du RAC (Reste à Charge après remboursement de la sécurité sociale) sur 3 ans à partir de la page 52 du rapport 2013 du HCAAMqui n'est couvert que partiellement par la mutuelle
  • 5 % de la population ont un RAC cumulé sur la période 2008-2010 qui dépasse 4 200 €, soit un reste à charge moyen mensuel supérieur à 117€. Et leur reste à charge moyen mensuel est de 173€.
  • Pour 1 % de la population, le RAC dépasse 7 250 €. Soit soit un reste à charge moyen mensuel supérieur à 202€ par mois.
Enfin les comptes de santé 2014 publiés le 15 septembre 2015 présentent un éclairage nouveau en étudiant les dépenses de santé d'une cohorte représentative pendant 6 ans à partir de la page 141 : "Une analyse longitudinale (2008-2013) du reste à charge des ménages après remboursement par l’assurance maladie obligatoire".
Cela est intéressant, car si pendant une ou deux années, une mutuelle peut rembourser une somme supérieure aux dépenses engagées, rien ne prouve que cela soit le cas sur la durée. Or l'intérêt d'une mutuelle ne peut se mesurer que sur la durée de la retraite. L'étude ne concerne que l'analyse du reste à charge (RAC) après remboursement par l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Il aurait été intéressant de connaitre la partie de ce reste charge remboursé par les mutuelles. Mais comme l'indique pudiquement le rapport page 145 :"Par ailleurs, les données de RAC après assurance maladie complémentaire (AMC) ne sont pas disponibles". Mais l'analyse aurait pu calculer le reste à charge après 3 contrats type de complémentaire santé (contrat minimum prévu par la loi, contrat moyen et haut de gamme)
  • Le RAC annuel est supérieur à 3 250 euros dans 1 % des cas en 2009, avant intervention des organismes complémentaires (page 131). Soit un RAC mensuel moyen supérieur à 271€
  • Le RAC annuel moyen est supérieur à 2 188 euros dans 1 % des cas de 2008 à 2013, avant intervention des organismes complémentaires. Soit un RAC mensuel moyen supérieur à 182€ sur 6 ans.
Cette baisse de reste à charge sur la durée est la conséquence, comme le démontre en détail le rapport, du fait qu'il y a une très faible corrélation entre un RAC élevé une année et la suivante. Autrement dit, il y a une très très faible probabilité d'avoir un reste à charge élevé pendant 25 ans de retraite. Autrement dit, l'auto-assurance fait sens sur 10 ans ou plus. Et ce d'autant plus que les mutuelles ne remboursent chaque année que 60% des cotisations versées.
__En synthèse, sur 6 ans, 1% des assurés ayant le RAC le plus élevé ont un RAC mensuel moyen supérieur à 182€ par mois après remboursement de l'AMO. Soit l'ordre de grandeur des mutuelles qui remboursent le mieux, compte tenu du fait qu'il y a toujours un reste à charge.__
Mais si on inclut les cotisations que l'on continue à verser pendant la maladie, on peut essayer d'estimer les dépenses de santé totales mensuelles pendant les périodes les plus aïgues.
  • Dans ces cas aigus sur 6 ans, on peut supposer qu'une mutuelle à 70€ par mois permette un remboursement de 50% du RAC. Soit une dépense de santé de 162€ mensuelle pendant cette période (cotisation plus reste à charge).
  • Dans ces cas aigus sur 6 ans, on peut supposer qu'une mutuelle haut de gamme à 120€ par mois permette un remboursement de 80% du RAC. Soit une de dépense santé de 156,40€ mensuelle pendant cette période (cotisation plus reste à charge).
Ainsi les mutuelles pourraient avoir un impact faible pour les 1% de malades ayant le reste à charge le plus élevé pendant 6 ans : de l'ordre de 20€ d'économie pendant 6 ans après avoir cotisé pendant des années.. Et il n'est n'est pas du tout sûr que le prix de la mutuelle influe beaucoup sur le niveau de remboursement pour les 1% de malade ayant le reste à charge le plus élevé.
C'est le système des complémentaires qui est aberrant. En Alsace-Moselle, il y a une complémentaire santé obligatoire et identique pour tous qui ne coûte que 1,5% des salaires ou des retraites. Les frais de gestion sont de 0,5% des cotisations contre 20% ailleurs, car la gestion du système est sous-traitée à Sécurité Sociale à coût marginal. Les retraités (et les actifs) des industries électriques et gazières disposent d'un système très similaire sur toute la France. Les propositions de généraliser le système d'Alsace-Moselle ont été balayées un peu vite, car elles impliqueraient :
  1. La disparition des petites mutuelles. Mais un reclassement des personnels est tout à fait envisageable sans casse sociale.
  2. La disparition de la taxe de 13% sur les cotisations mutuelle, qui servent à financer la CMU-C. Mais les économies de 7 Milliards sur les cotisations mutuelles pourraient financer la CMU-C.
  3. Une augmentation des charges des salariés. En effet, en Alsace Moselle, les salariés payent la mutuelle obligatoire du système local 40% plus cher que les retraités en moyenne, alors que pour les mutuelles du reste de la France, c'est l'inverse : les retraités payent 40% de plus que les salariés, hors niche fiscale. Et en tenant compte des avantages fiscaux et sociaux, les salariés payent la mutuelle trois fois moins cher que les retraités.
  4. Voir "Mutuelle pour tous : le régime local d'Alsace Moselle est-il généralisable ?".